Une réforme urgente des Nations Unies peut rétablir les progrès mondiaux vers la réalisation des Objectifs de développement durable

À la veille du Sommet de l’avenir des Nations Unies en septembre 2024, un nouveau rapport du SDSN appelle à une ONU 2.0 pour renforcer la coopération internationale et le financement du développement durable.

Paris, France, le 17 juin 2024. Aucun des dix-sept Objectifs de développement durable (ODD) n`est en passe d`être atteint d`ici 2030, et seulement 16 % environ des cibles des ODD progressent, révèle la 9è édition du Rapport de développement durable (SDR) publié aujourd`hui par le Réseau de solutions pour le développement durable des Nations Unies (SDSN). Le premier chapitre du rapport, soutenu par plus de 100 scientifiques et praticiens de premier plan dans le monde entier, identifie les priorités pour améliorer les Nations Unies afin de relever les grands défis du 21è siècle et parvenir au développement durable, y compris cinq stratégies visant à remédier aux déficits chroniques de financement des ODD. Publiée chaque année depuis 2016, l`édition mondiale du SDR comprend l`indice des ODD et des tableaux de bord classant les performances de tous les États membres de l`ONU sur les ODD. En plus de l’Indice des ODD, l’édition de cette année comprend un nouvel Indice du soutien des pays au multilatéralisme basé sur l’ONU couvrant l’ensemble des 193 États membres de l’ONU ainsi que de nouvelles trajectoires FABLE démontrant comment parvenir à des systèmes alimentaires et de gestion durable des sols d’ici le milieu du siècle.

Le professeur Jeffrey D. Sachs, président du SDSN et l’un des auteurs principaux du rapport, souligne ce qui suit :

« À mi-chemin entre la création de l’ONU en 1945 et l’année 2100, nous ne pouvons pas continuer comme si de rien n’était. Le monde est confronté à de grands défis mondiaux, notamment de graves crises écologiques, des inégalités croissantes, des technologies perturbatrices et potentiellement dangereuses et des conflits meurtriers. Nous sommes à la croisée des chemins. À la veille du Sommet sur l’avenir de l’ONU, la communauté internationale doit faire le point sur les réalisations essentielles et les limites du système des Nations Unies, et oeuvrer à l’amélioration du multilatéralisme pour les décennies à venir. »

Le rapport est disponible en ligne à partir du 16 juin 2024 à 23h59 CET.

Détails de la citation : Sachs, J.D., Lafortune, G., Fuller, G. (2024). The SDGs and the UN Summit of the Future. Sustainable Development Report 2024. Paris: SDSN, Dublin: Dublin University Press. 10.25546/108572

Site Web : https://sdgtransformationcenter.org/

Le SDR de cette année met en évidence cinq conclusions clés :

1. En moyenne, à l’échelle mondiale, seulement 16 % des cibles des ODD sont en passe d’être atteintes d’ici 2030, les 84 % restants démontrent des progrès limités ou sont en déclins.

Au niveau mondial, les progrès sur les ODD stagnent depuis 2020, avec des enjeux majeurs sur les ODD 2 (Faim zéro), l`ODD 11 (Villes et communautés durables), l`ODD 14 (Vie aquatique), l`ODD 15 (Vie terrestre) et l`ODD 16 (Paix, justice et Institutions efficaces). À l’échelle mondiale, les cinq cibles des ODD sur lesquelles la plus forte proportion de pays sont en déclins par rapport à 2015 comprennent : le taux d’obésité (sous l’ODD 2), la liberté de la presse (sous l’ODD 16), l’indice de la liste rouge sur la conservation des espèces (sous l’ODD 15), la gestion durable de l’azote (dans le cadre de l’ODD 2) et – en grande partie à cause de la pandémie de COVID-19 et d’autres facteurs qui peuvent varier selon les pays – l’espérance de vie à la naissance (dans le cadre de l’ODD 3). Les objectifs et cibles liés à l’accès de base aux infrastructures et aux services, y compris l’ODD9 (Industrie, innovation et infrastructures), affichent des tendances légèrement plus positives, même si les progrès restent trop lents et inégaux selon les pays.

2. Le rythme des progrès des ODD varie considérablement selon les groupes de pays. Les pays nordiques restent en tête en matière de réalisation des ODD, les BRICS démontrant de solides progrès et les nations pauvres et vulnérables étant loin derrière.

Comme les années précédentes, les pays européens – notamment les pays nordiques – sont en tête de l’indice ODD 2024. La Finlande se classe au premier rang de l’indice ODD, suivie par la Suède (n°2), le Danemark (n°3), l’Allemagne (n°4) et la France (n°5). Pourtant, même ces pays sont confrontés à des défis importants pour atteindre plusieurs ODD. Les progrès moyens des ODD dans les BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et BRICS+ (Égypte, Éthiopie, Iran, Arabie saoudite et Émirats arabes unis) depuis 2015 ont été plus rapides que la moyenne mondiale. En outre, l’Asie de l’Est et du Sud est devenue la région qui a réalisé le plus de progrès en matière d’ODD depuis 2015. En revanche, l’écart entre l’indice ODD moyen mondial et la performance des pays les plus pauvres et les plus vulnérables, y compris les petits États insulaires en développement (PEID), s’est agrandi depuis 2015.

3. Le développement durable reste un défi d’investissement à long terme. La réforme de l’architecture financière internationale est plus urgente que jamais.

Le monde a besoin de nombreux biens publics essentiels qui transcendent de loin l’État-nation. Les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure doivent de toute urgence avoir accès à des capitaux à long terme abordables afin de pouvoir investir à grande échelle pour atteindre leurs objectifs de développement durable. Mobiliser les niveaux de financement nécessaires nécessitera de nouvelles institutions, de nouvelles formes de financement mondial – y compris une fiscalité mondiale – et de nouvelles priorités en matière de financement mondial, comme l’investissement dans une éducation de qualité pour tous. Le rapport présente cinq stratégies complémentaires pour réformer l’architecture financière internationale.

4. Les défis mondiaux nécessitent une coopération mondiale. La Barbade se classe au premier rang pour son engagement envers le multilatéralisme fondé sur l`ONU ; les États-Unis occupent la dernière place.

Comme pour les ODD, le renforcement du multilatéralisme nécessite des mesures et un suivi. Le nouvel indice du soutien des pays au multilatéralisme basé sur l`ONU (UN-Mi) classe les pays en fonction de leur engagement dans le système des Nations Unies, y compris la ratification des traités, les votes à l`Assemblée générale des Nations Unies, l`adhésion aux organisations des Nations Unies, la participation aux conflits et à la militarisation, recours à des sanctions unilatérales et contributions financières à l’ONU. Les cinq pays les plus engagés en faveur du multilatéralisme fondé sur l’ONU sont : la Barbade (n°1), Antigua-et-Barbuda (n°2), l’Uruguay (n°3), Maurice (n°4) et les Maldives (n°5). En revanche, les États-Unis (n° 193), la Somalie (n° 192), le Soudan du Sud (n° 191), Israël (n° 190) et la République démocratique de Corée (n° 189) se classent au dernier rang du classement UN-Mi. La France se classe 171è sur 193 pays sur le UN-Mi 2024.

5. Les cibles des ODD liées aux systèmes alimentaires et de gestion durable des sols sont particulièrement loin d’êtres atteintes. Le SDR présente de nouvelles trajectoires FABLE pour soutenir des systèmes alimentaires et de gestion durable des sols.

À l’échelle mondiale, 600 millions de personnes souffriront encore de la faim d’ici à 2030, l’obésité est en augmentation, et les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture, de la foresterie et d’autres utilisations des terres (AFOLU) représentent près d’un quart des émissions mondiales annuelles de GES. Les nouvelles trajectoires FABLE ont rassemblé plus de 80 chercheurs locaux dans 22 pays pour évaluer comment 16 objectifs liés à la sécurité alimentaire, à l`atténuation du changement climatique, à la conservation de la biodiversité et à la qualité de l`eau pourraient être atteints d`ici 2030 et 2050. La poursuite des tendances actuelles creuse négativement l`écart avec les objectifs liés à l’atténuation du changement climatique, la biodiversité et la qualité de l’eau. La poursuite des engagements déjà pris par les pays améliorerait la situation, mais restent largement insuffisants. Des progrès significatifs sont possibles mais nécessitent plusieurs changements radicaux : 1) éviter la surconsommation au-delà des niveaux recommandés et limiter la consommation de protéines d`origine animale avec des changements alimentaires compatibles avec les préférences culturelles ; 2) investir pour favoriser la productivité, en particulier pour les produits et les domaines à forte croissance de la demande ; et 3) mettre en œuvre des systèmes de surveillance inclusifs, robustes et transparents pour mettre fin à la déforestation. Notre trajectoire durable évite jusqu’à 100 millions d’hectares de déforestation d’ici 2030 et 100 Gt d’émissions de CO2 d’ici 2050. Des mesures supplémentaires seraient nécessaires pour éviter les compromis avec l’emploi agricole et la pollution de l’eau due à l’application excessive d’engrais et pour garantir que personne ne soit laissés pour compte, et en afin d’éradiquer la faim dans le monde.

Depuis 2016, l`édition mondiale du SDR fournit les données les plus récentes pour suivre et classer les performances de tous les États membres de l`ONU sur les ODD. Le rapport a été rédigé par un groupe d’experts indépendants du Centre de Transformation ODD basé à Paris, une initiative du SDSN, dirigé par le président du SDSN, le professeur Jeffrey Sachs, et coordonné par son vice-président, Guillaume Lafortune.

Contacts

Alyson marks, Alyson.Marks@unsdsn.org (Responsable de la communication et des relations extérieures, basée aux États-Unis)

Guillaume Lafortune, guillaume.lafortune@unsdsn.org (VP du SDSN, coordonnateur principal et auteur du rapport, basé en France)

À propos du SDSN

Le Réseau de solutions pour le développement durable des Nations Unies (SDSN) opère depuis 2012 sous les auspices du Secrétaire général des Nations Unies. Le SDSN mobilise l`expertise scientifique et technologique mondiale pour promouvoir des solutions pratiques pour le développement durable, y compris la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) et de l`Accord de Paris sur le climat. Nous visons à accélérer l’apprentissage commun et à promouvoir des approches intégrées qui répondent aux défis économiques, sociaux et environnementaux interconnectés auxquels le monde est confronté. L’une des initiatives phares du SDSN est le Centre de Transformation ODD basé à Paris, qui produit chaque année le SDR et fournit des outils et des analyses scientifiques pour soutenir des trajectoires, des politiques publiques et des financements pour les ODD. Pour plus d`informations, visitez www.unsdsn.org et https://sdgtransformationcenter.org/.

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