«Incidents», «affrontements», «conflit foncier» et maintenant «représailles». Les termes employés le plus souvent pour décrire les violences en cours à Jérusalem-Est et dans la région de Gaza sont autant d’insupportables euphémismes. Ce à quoi l’on assiste à Cheikh Jarrah et dans le reste de la partie palestinienne de Jérusalem occupée par Israël a un nom, reconnu par le droit international et employé par l’ONU: la colonisation.

Au fil des cinq décennies d’occupation illégale, l’Etat hébreu a mis en place une politique de judaïsation de Jérusalem-Est, dont un arsenal juridique visant à priver les Palestiniens de leurs habitations au profit de colons et la réalisation de nouveaux noyaux urbains entièrement juifs. Naguère musulmans et chrétiens, la vieille-ville et ses quartiers adjacents comptent désormais pas loin de deux tiers d’habitant·es israélites, et ce malgré la plus forte natalité de la population arabe. «L’annexion des terres palestiniennes n’est pas un résultat collatéral de l’occupation israélienne mais son objectif essentiel», rappelait en 2019 le coordinateur onusien pour la paix au Moyen-Orient, le Bulgare Nikolay Mladenov.

Dernier projet en date: la Knesset envisage désormais d’exclure des zones de peuplement palestinien de la carte du Grand Jérusalem en constitution pour leur préférer des colonies de l’agglomération. Une politique territoriale digne de l’apartheid sud-africain, comme l’a d’ailleurs souligné Human Right Watch récemment.

Ou faut-il encore élever la voix d’un ton et parler de «nettoyage ethnique»?! Comment expliquer sinon la passivité des autorités israéliennes devant les exactions commises par des colon·es ou des extrémistes politiques contre des habitant·es des zones disputées. Les attaques répétées depuis le début du Ramadan autour de l’Esplanade des mosquées, ne sont pas des actes isolés. Quelque 700 agressions perpétrées par des colon·es ont été répertoriées en 2020.

Dans ce contexte, «appeler au calme», comme le font nombre d’Etats occidentaux, une fois que les Palestiniens se révoltent est d’une indécence absolue et s’apparente à une forme de complicité. Il serait temps de reparler de droit, de justice et de solidarité, sans lesquels aucune paix ne sera possible, ici comme ailleurs.

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Photo : Frappes israéliennes sur la ville de Gaza ce mardi 11 mai. Source : Keystone.

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