Expulsion d’un campement de Roms au petit matin à Evry
Libération, 27 Aout 2012
Plus de 70 Roms ont été expulsés lundi au petit matin de leur campement le long de voies ferrées à Evry, dont une majorité rejette les hébergements d’urgence proposés par la commune dirigée jusqu’en juin par le ministre de l’Intérieur Manuel Valls.
Sur Europe 1, celui-ci a justifié cette opération policière au vu de la situation sanitaire du bidonville qu’il a qualifiée d’insupportable.
C’est scandaleux. Si on les expulse, il faut savoir où les mettre. Ce n’est pas le cas, c’est une honte, s’est indigné sur place l’évêque Mgr Gaillot qui s’est dit déçu de la gestion du parti socialiste.
L’homme d’église a rendu visite à une quarantaine de Roms, dont de nombreux enfants en bas âge, rassemblés devant la mairie après avoir été expulsés par la police, peu après 5H00, des cabanes de fortune où ils vivaient depuis quatre mois le long des voies du RER.
Ils se sont dispersés vers 19H30 pour passer la nuit dans d’autres campements existants du département.
Selon l’Association de solidarité de l’Essonne avec les familles roumaines Roms (ASEFRR), 72 Roms dont 30 enfants vivaient sur le campement. Seules deux personnes ont été emmenées par la Croix Rouge vers des hébergements d’urgence.
Selon la préfecture de l’Essonne, des propositions de relogement transitoires ont été faites aux occupants pour permettre aux services sociaux de faire le point sur la situation de chaque famille et proposer ensuite des solutions pérennes adaptées à chaque cas.
Ils iront s’installer plus loin
L’arrêté d’expulsion a été pris par le maire socialiste d’Evry Francis Chouat qui a assuré à la presse avoir fait des propositions pour chacune des familles, notamment en hôtel.
Il y avait sur ce campement un danger absolu en surplomb des voies du train, a-t-il expliqué, invoquant un devoir moral.
Je sais que le démantèlement ne règle pas la situation des campements illicites, mais en attendant des solutions durables qui demandent du temps, l’Etat de droit doit-il fermer les yeux? Je considère que non, a ajouté l’édile.
Les solutions d’urgence proposées vont entre trois et cinq nuitées d’hôtel et on les met sur le trottoir à la fin, a dénoncé Laurent Lurton, délégué du Secours Catholique dans l’Essonne.
C’est une expulsion qui ne sert à rien—ils iront s’installer plus loin—et qui ne règle rien—on met dans la rue 70 personnes avec des enfants, a-t-il estimé.
Lakatos, un Rom de 22 ans en France depuis trois ans, vivait dans le campement depuis trois mois avec son frère. Il ne sait pas où aller, peut-être en hôtel, peut-être dans une association, soupire-t-il.
Selon Serge Guichard de l’ASEFRR, tous les enfants étaient scolarisés et risquent de décrocher: Comment scolariser les enfants si vous déménagez toutes les trois semaines?, demande-t-il, s’indignant que l’opération ait eu lieu sans attendre une audience devant un juge des référés d’Evry prévue mardi.
Manuel Valls a estimé que c’était aux associations en lien avec l’Etat, les élus, de trouver des solutions. Il a annoncé qu’il accompagnerait le ministre délégué aux Affaires européennes Bernard Cazeneuve en septembre en Roumanie.
Dans l’Essonne, une centaine de Roms ont par ailleurs quitté pendant le week-end leur campement de Massy pour devancer une procédure d’expulsion d’un terrain dont le ministère de la Défense est propriétaire.
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